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L'UE déterminée à signer un accord avec le Mercosur, malgré Paris

L'Union européenne semble déterminée à signer d'ici la fin de l'année un accord de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur, au grand dam de la France, qui le refuse toujours « en l'état ».

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Cet accord entre les 27 de l'UE et les pays latino-américains du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) est en discussions depuis plus de 20 ans, mais sa conclusion semble imminente pour les pays qui le défendent.

« Je comprends que les deux blocs sont très intéressés à conclure les parties encore en discussion de l'accord », a assuré à l'AFP le secrétaire argentin aux relations économiques internationales Marcelo Cima.

« Nous avons deux dates clés (...): le sommet du G20 en novembre à Rio de Janeiro, et le sommet du Mercosur en décembre de cette année. Nous allons donc travailler à la réalisation de ce grand projet », a souligné de son côté le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez.

Pour autant, il sera difficile pour la Commission européenne, qui négocie au nom des 27, d'arracher un accord dès la semaine prochaine à Rio. « Ca paraît compliqué », a-t-on reconnu de source européenne à Bruxelles.

« La France dit non et elle n'est pas la seule »

Pour la France, « le Mercosur, en l'état, n'est pas un traité qui est acceptable », a rappelé le président français Emmanuel Macron. « La France dit non et la France n'est pas seule dans ce refus du Mercosur. »

Ce qu'il faut obtenir, c'est de quoi exercer notre veto au niveau européen » en ralliant « un maximum de pays » de l'UE, a expliqué de son côté lundi la ministre française de l'agriculture Annie Gennevard.

Le Premier ministre français Michel Barnier tentera de faire valoir la position de Paris lors d'un déplacement à Bruxelles mercredi, où il rencontrera notamment la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Pour bloquer la décision, la France doit réunir une minorité de blocage au sein du Conseil, qui regroupe les États membres de l'UE.

Or, rien n'est moins sûr. L'Allemagne et l'Espagne poussent de tout leur poids. Or si la Pologne ou l'Autriche ont régulièrement exprimé leur opposition, c'est insuffisant, car il faut au minimum quatre États pour constituer une minorité de blocage. Pourtant, certains à Bruxelles veulent y croire, jugeant que des pays comme l'Italie, l'Irlande ou les Pays-bas peuvent faire pencher la balance.

Aucune certitude

L'accord doit également être ratifié par le Parlement européen. Là encore, aucune certitude. L'opposition à l'accord Mercosur, partagée par l'écrasante majorité des eurodéputés français, toutes tendances politiques confondues, est minoritaire, selon l'un d'entre eux. Pour d'autres, il n'en est rien, car les eurodéputés de gauche et d'une grande partie de la droite s'opposent à l'accord.

Les agriculteurs européens, dont beaucoup venus de France, manifestent mercredi à Bruxelles pour faire entendre leur voix. « Si la ratification du traité devait se faire contre l'avis de la France, ce serait une brèche ouverte dans la confiance que les Français ont dans l'Europe », a averti Sophie Primas, ministre française chargée du Commerce extérieur.

Paris veut donc croire que ses intérêts seront pris en compte, même si la pression ne cesse de monter. « Si nous ne concluons pas un accord avec eux (les pays du Mercosur), ce vide sera rempli par la Chine », a averti mardi la future cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas.

L'accord « augmenterait de 15 Mds€ » le PIB de l'UE

Une fois en vigueur, il « augmenterait de 15 milliards d'euros » le Produit intérieur brut (PIB) de l'UE et « de 11,4 milliards d'euros celui des pays du Mercosur », a assuré le commissaire au Commerce Valdis Dombrovskis, négociateur en chef côté européen.

Ce traité de libre-échange, négocié pendant 25 ans avant un premier accord conclu en 2019 mais jamais ratifié, prévoit notamment un quota d'importations de viande bovine latino-américaine de quelque 90 000 à 100 000 tonnes par an.

« Ça paraît peu, mais c'est suffisant pour déstabiliser toute la filière », avertit Céline Imart eurodéputée française, élue des Républicains et agricultrice. Avec un autre eurodéputé français, François-Xavier Bellamy, elle a adressé une lettre à la présidente de la Commission européenne Urusla von der Leyen pour lui demander « de reconsidérer cet accord et d'exiger l'introduction de clauses miroirs robustes ».

Celles-ci permettent de s'assurer que les deux parties ont les mêmes contraintes sanitaires ou environnementales, ce qui, affirme Paris, est loin d'être le cas.

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